Hommage à Algirdas Julien Greimas,Solomon Marcus, Umberto Eco et Jean d'Ormesson
Au mois d'août de l'année 2013 nous avons rencontré à Bucarest notre ami Solomon Marcus et nous avons évoqué ensemble les débuts de notre aventure sémiotique.
En 2014 cette aventure aura duré 40 ans.
Ceci a commencé en 1974 avec «Unités minimales dans le Nouveau Roman», la thèse de licence de Mariela Crivat Ionesco, à l'Université de Bucarest, la Faculté de langue et littérature française, sous la direction de Paul Miclau : «Il s'agit d'un travail de synthèse, original, basé sur un appareil formel personnel, qui s'approche du niveau d'une thèse de doctorat. Description structurale accompagnée de l'élaboration de modèles mathématiques, particulièrement topologique ; la formalisation obtenue sur la base de la théorie des graphes et très convaincante, constituant une des recherches les plus vigoureuses dans ce domaine… Des analyses statistiques qui offrent la possibilité de comprendre concrètement les structures de certains romans. L'analyse dépasse le niveau d'une simple appréciation littéraire des unités minimales et des structures ; elle utilise des éléments de la théorie de l'information, de l'esthétique moderne. L'information de l'auteur est extrêmement variée allant de l'histoire littéraire jusqu'à la logique et aux mathématiques.»
Création du Groupe Roumain de Sémiotique (GROMS), à l'Université de Bucarest en 1975.
Recherche des unités minimales pour une analyse logique et mathématique du roman contemporain et de l'architecture.
« Texte et Architecture », publié dans les Cahiers de sémiotique n°1, en 1977, et « Image et Architecture », dans les Cahiers de sémiotique n°2. Bucarest, 1978.
De cette atmosphère fertile aux études interdisciplinaires nous avons commencé à penser ensemble une sémiotique de l'architecture.
Nous avons quitté la Roumanie quelques années plus tard pour rejoindre A.-J. Greimas et l'Ecole sémiotique de Paris, en passant par le congrès de sémiotique de Vienne en Autriche.
Le magot - introduction à la théorie de l'architecture: mémoire présenté à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, 1981
Du texte architectural: mémoire présenté à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, 1982
Le creux bâti - contribution à une sémiotique de l'architecture à Université de la Sorbonne Nouvelle - Paris III, 1985
Nous avons travaillé dans le vaste domaine de la conception et de la communication, en particulier la conception architecturale et la transmission du savoir dans le domaine des arts et des sciences sociales.
Tout chercheur rêve au début de sa carrière de trouver l'Idée, la démonstration d'un théorème ou la formule magique qui marquera toute sa vie scientifique.
L'Idée qui a nourri notre travail est la démonstration du bon fonctionnement du mécanisme de la signification (le carré sémiotique), la découverte des structures élémentaires de l'architecture comme langage de conception de l'espace.
Notre premier cours à l'Ecole d'architecture de Paris La Villette s'intitulait: Elémentaires terrestres d'une architecture cosmique.
Les idées restent et s'imposent quand, esthétiquement, elles ont du caractère, elles sont belles.
De nos idées, celle qui marque, et qui représente notre travail commun, est l'investissement de la structure élémentaire de l'architecture dessinée par Emmanuel et habillée de mots d'une phrase célèbre d'Henri Focillon dans « La vie des formes », par Mariela ; démonstration du fonctionnement de la syntaxe élémentaire sur le carré sémiotique et la manifestation de cette structure élémentaire.
Ainsi le constructeur enveloppe (1), non(2)le vide (3), mais(4)un certain séjour des formes(5), et, travaillant sur l’espace(6), il le modèle(7), du dehors(8) et du dedans(9), comme un sculpteur(10). Il est géomètre quand il dessine le plan, mécanicien quand il combine la structure, peintre pour la distribution des effets, sculpteur pour le traitement des masses. Henri Focillon, « Vie des formes, Éloge de la main », Paris, Presses Universitaires de France, 1934.
Dans ce long parcours nous nous sommes exprimés, nous avons « couché sur le papier » nos réflexions, passant d'une machine à écrire Remington de 1930 au texte électronique, dans l'harmonie de la fabrication des livres.
Précurseurs dans l'utilisation des ordinateurs individuels, des échanges sur Internet, de la conception assistée par ordinateur, des outils mathématiques et statistiques pour la communication institutionnelle, de la création des sites Web et nous avons même créé des blogs est de tweets...
Notre cours « Maquettes virtuelles et gestion du projet architectural », à l'Ecole Spéciale d'Architecture de Paris, utilisait un logiciel informatique dont nous avons participé à l'élaboration et au développement.
Bien sûr l'idée originaire subsiste toujours, mais dans des circonstances exceptionnelles nous avons eu la chance de trouver une autre.
Peu de temps avant Noël, Emmanuel écrit un SMS à Mariela (le texte original est en roumain, nous l'avons traduit en français):
Tout mon être est rempli de Toi,
Où il y aurait-il encore de la place pour Moi ?
La seule place est en Toi!
J'essaye de me nicher ou je peux.
Je t'aime !
Mariela répond :
Je t'adore mon amour et je ne sais pas le dire d'une si belle manière.
Je tremble toutes de ton amour
Vu l'éphémère existence des SMS, Mariela écrit le poème sur son cahier... Emmanuel l'écrit à son tour sur le sien.
Nous nous sommes dit l'un à l'autre le poème...
En bons sémioticiens que nous sommes, nous avons pensés qu'il y avait quelque chose d'élémentaire dans ces quelques vers et que ce « Je suis Toi »est universel, la définition d'un amour sans fin... Et que nous sommes en train de devenir une légende.
Ci-après vous trouverez la traduction du Poème, du roumain en français, anglais, espagnol, italien et allemand.
Si vous aimez, traduisait le Poème et envoyé nous un message.
Mariela CRIVAT-IONESCO
Sémioticienne, philologue
Chargée de communication à la Fédération Nationale des Travaux Publics, Paris
Emmanuel CRIVAT-IONESCO
Sémioticien, architecte
Professeur à l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris