LA NEGATIVITE COMME FONCTION CULTURELLE DANS LE DISCOURS LITTERAIRE.
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Université Tarbiat Modares, Téhéran, Iran
somaye.kariminejad@yahoo.com
Résumé
La négation est un élément sine qua non au sein du langage. Depuis longtemps cette notion était le sujet de différentes disciplines comme la philosophie, la logique et la linguistique. Mais nous voyons quand même qu’elle pourrait donner lieu à une analyse sémiotique et il nous semble que quelques-uns de ses aspects n’ont pas encore été dûment explorés. Les approches et les typologies de la négation sont nombreuses. Cette pluralité s'explique par la complexité et la diversité des négations. Notre visée, sans être exhaustive, consiste surtout à envisager, à travers le discours littéraire persan, pris comme exemple, le problème de la modulation du négatif. Notre tâche consistera plutôt à montrer comment la négativité fonctionne dans des discours littéraire persan. Nous chercherons surtout à comprendre de quelle manière la culture persane élabore la négativité ? Faut-il considérer cette dernière comme une source de tensions et de limites ou une possibilité du dépassement de soi et des choses.
Du point de vue sémiotique la négativité n’est pas un fait absolu étant donné qu’elle dépend entre autres de la culture dans laquelle elle prend existence. Afin d’éclaircir ce point de vue, nous nous concentrerons sur la littérature persane où nous avons affaire à des sujets qui existent physiquement, mais qui perdent le pouvoir de parler. Dans ce cas le sujet serait frappé du sentiment d’être nié, et il commence à vivre une sensation dysphorique qui provoque un certain nombre de manifestations passionnelles chez lui. Nous sommes ainsi en présence d’une négativité interne chez le sujet. En quoi cette manifestation varie selon l'espace du vécu propre à la culture persane ?
Du fait que la négativité est réversible et s’avère relative aux discours et à ses usagers, cet essai se donne comme objectif l'examen culturel des modes de fonctionnement sémiotique de la négativité dans le discours littéraire persan.
1. Introduction
La négativité en tant qu’un élément essentiel des langues participe à la construction de la signification dans la mesure où elle peut, soit créer des discontinuités et exiger la disjonction entre le sujet et l’objet de valeur soit nier un actant ou un terme. De ce point de vue, on peut supposer que la négativité fonctionne comme un moteur de sens chez le sujet. Ainsi ce travail aura pour objectif de montrer l’émergence de la négativité chez le protagoniste d’un roman persan contemporain de Parivash Sanii, sous l’effet de la culture iranienne. Selon Lotman “toute culture vivante possède un mécanisme intégréˮ (1999: 10) ainsi nous cherchons à préciser de quelle manière la culture persane avec une structure spatio-temporelle spécifique élabore la négativité ? En effet, dans cet essai notre objectif est l’examen culturel des modes de fonctionnement sémiotique de la négativité dans le discours littéraire persan.
Le corpus choisi est le récit Ma portion qui fait sous forme de biographie d’une adolescente originaire de Qom, la chronologie des évolutions historiques et sociales durant les quinze années précédant la révolution ainsi que les vingt années qui la suivent, et cela en y attachant une attention toute particulière. Il décrit tous les méandres culturels et historiques d’une famille religieuse fanatique à travers les événements pré et postrévolutionnaires en exposant leur opportunisme, calculs, tactiques et les bénéfices et les pertes subies par les personnages nombreux de l’histoire et il met la portion suspendue en l’air d’une femme qui cherche à parcourir son itinéraire en dehors de ces corridors obscurs comme un point d’interrogation immense devant les yeux du lecteur. La question : « Qui suis-je ? »
2. La définition des termes clés : La négativité et la culture
On commence par une présentation brève des termes de la négativité et de la culture qui sont considérés comme les termes clés de notre travail.
Nous vivons tous dans un monde où nous sommes sans cesse confrontés au jeu entre la négativité et son pôle opposé c’est-à-dire la positivité. On peut prendre en compte cette notion de différents points de vue. Par exemple“ le sens narratif (la négation narrativisée dans le manque et dans le conflit), le sens passionnel (celui du rejet, de la répulsion, du dégoût ou de l’aversion…), le sens cognitif (qui s’exprime dans l’ignorance, le « nul n’est censé ignorer la loi »), le sens méréologique (le trou, la lacune, le vide, l’absence). ˮ Bertrand (2010 :1) Ainsi, en parlant de la négativité il précise que “ce terme s’étend comme une isotopie sous-jacente à l’univers des discours.ˮ (2010 : 2) Il importe de souligner un point essentiel de ces définitions ; la négativité n’est pas nécessairement manifeste et visible. Du point de vue philosophique : action de nier l’existence de quelque chose dans l’intention, explicite ou non, d’affirmer la possibilité d’un monde meilleur.
Quant à la culture, si on l’envisage comme médiation sémiotique entre l’homme et la réalité est mise en avant par E. Benveniste et A. J. Greimas. Le premier appelle culture “ le milieu humain ˮ, à savoir tout ce qui, au-delà des fonctions biologiques, “ donne à la vie et à l’activité humaine forme, sens et contenu ˮ. Pour lui, la culture, en tant que fait humain, est un phénomène “ entièrement symbolique ˮ dans la mesure où elle est un “ ensemble très complexe de représentations ˮ qui se manifestent sous forme de “ traditions, religions, lois, politique, éthique, arts ˮ, et c’est par la langue que l’homme, en tant qu’être social, “ assimile la culture, la perpétue ou la transforme ˮ. Benveniste (1966 :30) La nature sémiotique de la culture est de même soulignée dans la définition que Greimas en propose. Pour lui, en effet, la culture, est “ la société érigée en signification .ˮ (1984 :121). De ce fait, elle est la somme de “ toutes les pratiques sociales signifiantes ˮ, à savoir “ la totalité des discours que la société tient sur elle-même ˮ.
3. Le sujet ignoré par son contexte familial
Selon Lotman “ la culture se comprend comme un système sémiotique ayant une fonction médiatrice entre l’homme et le monde extérieur. La culture sélectionne et structure l’information venant du monde extérieure ; la sélectionne et la structuration varient évidemment selon les cultures. ˮ Au sujet du système de valeurs constitutif de la société iranienne dans les décennies 40, 50 et 60 telle que l’écrivain décrit dans l’ensemble du livre, on peut dire qu’il s’articule, comme une période où la relation entre des jeunes filles et des garçons avait un aspect négatif. Il ne s’agit de rien d’autre qu’une force sociale face à laquelle l’individu ne peut rien et qui n’est autre que la religion.
Il n’est donc pas étonnant de constater que seul le mariage permet à une fille d’être en contact avec un homme. C’est-à-dire elle doit constituer la famille, ce qui est légitime dans la société mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas la fille qui décide pour choisir son mari et la plupart du temps c’était le père ou les frères qui décidaient et la fille n’a pas même le droit de parler aux hommes avant le mariage dans la mesure où la fille qui est aimé d’un garçon fait un malheur et une déconsidération pour sa famille. Le sujet de la négativité serait de ce point de vue un sujet dynamique et en mouvement. Mais la question essentielle porte sur le fait de savoir en quoi ce dynamisme va aboutir à la construction d’une forme de vie chez les femmes qui vivent dans telle société. Comme nous le savons, le mot négativité surgit dans la relation où un terme détruit au profit de l’autre pour que celui-ci puisse dominer dans la relation.
Dans l’histoire choisie à étudier, on constate que les éléments qui viennent de la sphère culturelle retrouvent le maximum degré de tonicité et ainsi de suite l’intensité de la présence du sujet s’affaiblit dans la relation. On est confronté à un sujet qui est ignoré par les obligations et les contraintes définies par la société. La plupart du temps le corps physique du sujet nous fait conscience de sa présence physique mais en général on ne voit pas d’actions - comme décider, parler de son destin-qui montrent la présence réelle ou autrement dit existence d’une personne dans un ancrage spatio-temporelle. Ainsi le sujet qui est une femme vit dans un lieu où les masculins peuvent décider à sa place et son avis n’a aucune importance. Elle n’est pas autorisée de donner son avis. Toutes ces privations chez une fille proviennent de la moralisation précise de cette société où elle vivait. La moralisation définit une attitude dictée par des exigences éthique propres à une communauté. Ainsi respecter les décisions acquises de la part de sa famille (c’est-à-dire son père et ses frères) pour elle, est un atout de séduction ; et, en cela, il ne fait que marquer son adhésion à une certaine image d’une personne valorisée au sein de la communauté dont elle fait partie.
Au début de l’histoire, la famille de Masoumeh décide de déménager à Téhéran mais selon un de ses frères Téhéran n’est pas un lieu convenable pour les filles, à ce moment-là, Masoumeh donne son avis mais d’autre frère Ahmad qui aime beaucoup vivre à Téhéran arrête Masoumeh et lui dit “ tais-toi, si le problème de la famille est l’existence de Masoumeh, elle se mariera et restera à Ghom ˮ (2013 :15)
Ainsi on est confronté à un sujet angoissé à partir des comportements des membres de sa famille. Elle a peur de tomber dans la relation de disjonction avec son objet da valeur c’est-à-dire aller au lycée et étudier. Quant aux modalités ; on est en face d’un sujet modalisé par vouloir, un sujet désirant. Elle s’efforce de présenter son vouloir-être à toute la famille quand les autres sont en train de nier sa présence. La charge modale du vouloir crée une tension qui ne s’épuise qu’avec la conjonction à l’objet de valeur. Ainsi, le parcours existentiel de Masoumeh sera constitué d’une suite de transformations jonctives (conjonction, disjonction) qui participent de la construction de son identité. Quand sa famille décide que Masoumeh doit se marier avant son déménagement, il en va tout autrement pour un sujet comme Masoumeh qui est dominée par la peur. Vu qu’elle ne peut pas atteindre à ses vœux alors son être est modalisé par un vouloir négatif. On peut certes considérer que, face à un anti-objet qui la menace, elle aspire à une non-conjonction. « Je me rendais tous les jours au sanctuaire de Sainte Masoumeh et je la conjurais qu’ils m’amènent avec eux et qu’ils m’autorisent à fréquenter une école. Je disais en pleurant : Si j’étais un garçon ou bien si j’atteignais la diphtérie comme Zari et je mourais. » (2013 :16) Le sujet se sent fréquemment cette émotion dans différentes étapes de sa vie.
Quand toute la famille était d’accord que Masoumeh se marie avec le boucher du quartier qui était ami de son frère-Ahmad- c’est la voisine, Parvine, qui arrête l’action avant la conjonction du sujet avec l’anti-objet. Parvine qui avait un passé semblable au sujet aimerait faire quelque chose pour Masoumeh.
Masoumeh a souvent une inquiétude générale, celle-ci constitue une sorte de prémisse à la grande émotion, celle qui marque la perte de l’objet par le sujet. Le sentiment dysphorique de la peur fait du corps du sujet un centre de tensions incontrôlable. Ce sentiment naît de ce que Masoumeh ne comprend pas. Il résulte de l’impossibilité d’intégrer dans le champ des savoirs et des croires de Masoumeh un phénomène particulier et étrange par ex : ne pas aller au lycée, ne pas parler à son amie téhéranaise
En effet cette émotion éloigne le sentiment de présence, une présence sensibilisée qui permet au sujet de se voir elle-même. Donc le sujet, malgré son désir intérieur, va vers la négativité qui provient des croyances et des exigences de sa famille ou bien de la société où il vivait. D’une autre manière le sujet n’est pas un individu isolé et idéalisé, mais un être qui agit dans la société et est conditionné par la société et la culture. En fait le sujet produit la signification par ses comportements.
Le mariage avec un autre garçon sauf Saeid qui lui plaisait gardait Masoumeh dans la négativité et enfin quand elle est obligée de se marier avec Hamid c’était comme la conjonction entre le sujet et l’objet répulsif ou dysphorique. En effet Masoumeh n’avait aucun rôle dans le choix de son époux. Même dans la cérémonie quand elle résistait devant ce mariage forcé quelqu’un d’autre a dit « oui » à sa place. La famille de Masoumeh dans le procès du mariage de Masoumeh ferme totalement les yeux et ignore l’existence totale de la jeune fille. Alors on constate la négativité absolue du protagoniste même lors de son mariage qui est un événement particulier et très important pour les filles.
4. L’effondrement du sujet
Il y a des moments où le sujet se trouve dans une étape de convulsion de l’âme et de la perte momentanée de la raison. Les effets somatiques de cette émotion saisissent facilement par l’observateur. Le sujet face à ce qui l’épouvante, demeure paralysé, sans pouvoir se mouvoir. Masoumeh se trouve dessaisi de toute compétence. On peut voir effectivement, cette paralysie qui affecte Masoumeh lors de la crise émotionnelle c’est-à-dire le moment où la relation de Masoumeh avec un garçon révèle devant sa famille.
“ On dirait qu’on m’avait versé un seau d’eau froide sur la tête, j’ai eu l’impression que tout d’un coup la totalité d’eau existant dans mon corps s’est séchée et j’ai eu la langue bloquée. ˮ (2013 :66).
En effet dans cette étape Masoumeh a honte surtout devant son père. Cette honte constitue un des principaux effets de la moralisation. Elle est liée à la crainte d’une dégradation de sa propre image et présuppose une certaine idée de soi. Dès que la peur s’empare de nous, nous nous traitons de lâches. Le mot peur est chargé de tant de honte que nous la cachons.
La plupart du temps Masoumeh éprouve un sentiment de honte relatif à la peur qui les envahit, à l’émotion qui bouleverse tout son être et toute sa vie, toute son identité. C’est là l’effet d’une moralisation négative de la passion de la peur. Définie par le petit Robert comme un “ sentiment pénible d’infériorité, d’indignité devant sa propre conscience ou d’humiliation devant autrui, d’abaissement dans l’opinion des autres ˮ (1880 :2008). La honte, sur un plan réfléchi implique une évaluation négative du comportement que l’on a eu ou que l’on est tenté d’avoir.
Pour Paul Valéry, la honte trouve sa source dans “ l’émotion produite en quelqu’un par le sentiment d’autrui, d’une collectivité, d’une opinion publique ˮ (1974 :355)
En effet la honte met en scène le jugement dépréciatif des autres ; elle est liée à l’idée de dégradation de l’image du sujet dans l’opinion d’autrui. En fait, l’opinion est un croire qui modalise la représentation qu’on se fait de la valeur et des mérites du sujet ; en l’occurrence, la honte est liée à ce changement qui intervient dans le croire des autres et, plus précisément, dans l’objet du croire : la valeur du sujet, suite à un comportement jugé moralement condamnable, est totalement ou partiellement niée par l’instance morale.
Ainsi, cette émotion dépossède le sujet – Masoumeh – de son pouvoir et même de son vouloir et en ce moment un jeu conflictuel se déroule au cœur de Masoumeh en tant qu’un membre de la société où elle vivait. Elle se trouve entre deux tendances contraires ; d’une part la tendance de lutte pour arriver à son amour et ses vœux qui était contre les coutumes et les croyances de sa famille d’autre part la tendance de l’acceptation de la réalité de sa famille et de la condition d’être nié car elle est une fille et soumission à ses frères. Chacune de ces deux tendances cherche à l’emporter sur l’autre mais le sujet n’était pas tellement apte de dévaloriser ce qui était comme une valeur dans sa société alors une autre fois elle a accepté la négativité de son existence. Et elle subit un état dysphorique pour satisfaire ceux qui sont autour d’elle.
La source de tous ces malheurs viennent à une axiologie propre à une époque précise et à une aire culturelle donnée, ces figures- en elles-mêmes neutres- sont jugées soit négativement soit positivement. C’est ainsi que la liberté d’expression, tomber amoureuse de quelqu’un et l’étude pour les filles sont considérés négatives d’après les traditions et la religion de cette époque-là.
5. Le sujet fondu dans la négativité
La négativité est comme un gouffre qui avale le sujet dans les différents moments de sa vie mais quand même on constate de temps en temps un courage de la part de Masoumeh pour se libérer de la situation dans laquelle elle était emprisonnée. On définit le courage comme la volonté, qualités qui sont constitutives de la force morale. C’est précisément ce « qui fait supporter ou braver le péril, la souffrance, les rêves » Littré ; c’est en somme, ce qui rend le sujet apte à faire face à l’objet dysphorique qui est en l’occurrence défini comme redoutable.
Cette force d’âme est ce qui rend compétent puisqu’elle est dépassement voire ignorance de la peur. En somme, le courage est une peur surmonté et le courageux est ainsi celui qui agit malgré la peur qu’il connaît pour le remettre dans l’ignorance et toutes les difficultés qu’il connaît sur son chemin.
· Je pensais à une issue pour gagner plus d’argent pour pouvoir satisfaire les besoins futurs de mes enfants. Evidemment ma situation s’améliorerait après avoir obtenu une licence. Comme j’attendais à cela, tous les membres de ma famille croyaient à l’unanimité des voix que j’aurais dû renoncer à faire des études universitaires pourtant ce qui me semblait bizarre c’était que la famille de Hamid était de même avis. Le père de Hamid m’a adressé la parole avec de la compassion.
· Tu es sous pression, tu ne penses pas que ce soit difficile de faire les deux en même temps ?... j’ai fait beaucoup d’efforts pour me contrôler, mais ces jours-ci je n’étais plus aussi patiente et forte qu’avant et je n’étais pas non plus la jeune fille maladroite venant d’une province qui se soumette aux demandes injustes ou aux sarcasmes des autres, je n’étais plus quelqu’un qui ne prenne pas en considération ses désirs et sa propre volonté. Une colère s’est éveillée en moi, elle a effacé toutes mes incertitudes et a fait disparaître la terreur dont j’avais été saisie. (2013 :269)
Donc quand le sujet parvient à faire triompher la tension qui le pousse vers l’affrontement sur celle qui lui commande de reculer est un courageux qui s’approche de l’état de la positivité. On pourrait ajouter que par le courage, le sujet se constitue en héros d’elle-même.
Quand –même d’après les évènements qui arrivent à Masoumeh jusqu’à la fin de l’histoire on constate que la négativité n’est pas éprouvé comme un état provisoire, elle constitue une composante de l’identité du sujet. On dirait qu’elle est pleinement intégrée à son être et jugée comme telle. En effet si nous nous interrogeons sur l’identité qui fait état d’une femme en tant qu’instance énonçant, nous constatons qu’elle se ramène à une caractéristique fondamentale qui se voit beaucoup chez les auteurs qui dessinent les femmes de la société iranienne de cette époque-là. Ces caractéristiques sont le dépassement en soi et la fidélité. Celles-ci sont une sorte de « savoir-faire » inné chez la femme et qui se nourrit de l’ordre social.
Dans cette étape on pourrait montrer les différentes étapes de la vie du sujet.
Etape 1 : soumission le temps où elle fait tout le temps le dépassement de soi, quand elle était une jeune fille dans une famille religieuse et fanatique.
Etape 2 : le mariage avec un homme politique qui avait un esprit plus ouvert que sa famille. Elle a osé de se présenter et penser à ses vœux.
Etape 3 : quand son mari qui était un militant est emprisonné et est condamné à mort elle a compris qu’elle doit changer sa manière de vie pour gagner la vie de ses enfants et soi-même.
Mais quand même à la fin de l’histoire quand elle avait un certain âge et ses enfants étaient grands et chacun avait sa famille. Masoumeh rencontre son vieil amant à l’âge mûr et qu’il lui demande la main même si elle s’intéresse beaucoup à mener le reste de sa vie en compagnie de quelqu’un dont elle était amoureuse pourtant elle pense encore une fois à ses enfants et elle dit à Saïd : “ Bien que mes enfants soient mariés et qu’ils aient leur propre vie mais étant donné qu’ils sont très sensibles au sujet de tout ce qui me concerne et je n’aime pas qu’ils soient mécontents, je dois donc les consulter avant de me décider. ˮ (2013 :505) Cependant quand elle leur en parle, ils s’y opposent fermement sans prendre en considération l’avis de leur mère et ses besoins émotionnels. Massoumeh qui est gravement dérangée par le comportement de ses enfants refuse la proposition de mariage de Saïd. Et au moment où elle se confie à son amie intime Parvaneh :
Ma grand-mère disait toujours : La part de chacun de nous de la vie est déjà déterminée, on l’a mise de côté pour chacun d’entre nous et rien ne peut la changer ou modifier. je pense souvent quelle était ma propre portion dans la vie ? Est-ce que j’avais une portion déterminée et indépendante ? Ou bien je faisais partie de portion des hommes de ma vie qui m’ont en quelque sorte conduit au lieu de sacrifice pour atteindre à leurs idéaux ou objectifs ... On dirait que je n’existais jamais, je n’avais aucun droit, quand j’ai pu vivre pour moi-même ? Quand j’ai eu le droit de choisir et de décider ? Quand ils m’ont demandé ce que je désirais ?... Comme on dit : Personne ne me veut pour ma propre existence. Tout le monde me cherche pour sa propre existence » (2013 :524, 525)
Le regard évaluateur et judicateur ou bien le regard d’autrui force le sujet de continuer à vivre dans la négativité. Autrement dit, son attitude doit absolument paraître conforme aux valeurs de la communauté à laquelle il appartient car ce que le sujet met en jeu, c’est son identité sociale. Ainsi le sujet agit non selon un simple vouloir, mais selon un “vouloir ˮ régi par le “ devoir ˮ imposé par le cadre axiologique qu’il s’est choisi.
Ainsi vu qu’il s’agit de son identité ou plus exactement, l’image qu’il veut donner de lui-même et qu’il veut afficher, le sujet préfère ignorer encore lui-même et rester dans une négativité sans protester et lutter contre les coutumes de sa société.
6. Conclusion
En effet les éléments qui affectent toute la vie du sujet renvoient déjà à une croyance religieuse et à une pratique culturelle. La présence du sujet est niée par des conditions historiques et sociales alors que l’interdiction des femmes de leurs droits naturels dans les pays qui sont libérales serait considérée comme un choc culturel. De même, dans la société où les droits de la femme sont ignorés par une nécessité culturelle et religieuse, on voit comment la négativité émerge sous l’aspect intérieur de la culture iranienne. Ainsi, la pratique culturelle renouvelle le sens de la vie.
Bibliographie
LOTMAN, Youri.1999. Sémiosphère, Limoges : Presses Universitaires de Limoges.
BERTRAND, Denis. 2011. « Au nom de non. Perspectives discursives sur le négatif », [en ligne] Actes Sémiotiques n 114, http://epublications.unilim.frrevues/as/2589>
BENVENISTE, Emile.1966. Problèmes de linguistique générale, I, Paris : Gallimard.
GREIMAS, Algirdas Julien.1984. « Entretien », Langue Française 61, Paris: Larousse.
SANII, Parinoush.2013. Ma portion, Téhéran : Rouzbahan.
DELPIERRE, Guy. 1974. La peur et l’être, Toulouse : Privat.
VALERY, Paul. 1974. Cahiers II, Paris : Gallimard
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LITTRE, Emile. 1863. Dictionnaire de la langue française – 5 vol. Paris : Hachette.